vendredi 28 mai 2021

Olympique Lyonnais, bilan saison 2020-2021

J’ai tellement hésité sur le titre de cet article que je n’en ai finalement pas mis : “Le jour sans fin”, “Le grand chantier”, “Le chantier perpétuel”, tout me paraissait plus ou moins correct pour un constat sans appel : la première équipe masculine du club, l’équipe fanion, est en difficulté et rentre doucement mais sûrement dans le rang. 

A mon sens, le péché originel date de l'été 2016. Certes, Bruno Genesio avait emmené l’OL en Champions League après avoir repris l’équipe, alors en difficulté, fin 2015. Ce ne devait être qu’un intérim. Mais au lieu de repartir sur un nouveau cycle avec un entraîneur expérimenté, Jean-Michel Aulas garde Genesio. Avec lui disparaissent les qualités du jeu lyonnais fait de possession, jeu au sol rapide et fort collectif. Sous Genesio, les matches sont (très) souvent non maîtrisés collectivement mais les fortes individualités permettent de maintenir le club dans le haut du tableau. En trompe-l'œil. Et je ne m’attarde pas sur sa communication, ni la complaisance des médias à son égard.

A l'été 2019, Bruno Genesio quitte (enfin) le club. Mais le départ de trois joueurs cadres (Fekir, Ndombélé, Mendy), l'engagement d'un entraîneur inexpérimenté (Sylvinho) qui accepte de venir sans staff et, surtout, l'absence d'analyse objective sur le niveau de jeu et l'état du contingent, mènent le club dans le mur qui se profilait.

Car à l’OL, il y a ce mal profond depuis trop d’années : il est ce que j’appelle l’absence d’une dynamique qui œuvre dans la continuité de la formation proposée par l’Académie. Depuis quelques années, l’OL n’intègre plus ses apprentis footballeurs dans l’équipe première. Aujourd’hui, l’intégration se fait uniquement par obligation, si un poste est sinistré. Et encore, Aouar a patienté près d’un an pour que Genesio le considère. Caqueret également. Bard n’est pas considéré comme une alternative crédible au poste de latéral gauche.  

L’OL bénéficie du meilleur centre de formation de France et l’un des meilleurs en Europe. Ce qui signifie que certains jeunes peuvent et doivent être intégrés dans l’équipe première. Problème : l’OL s’est mis en tête d’acheter des jeunes joueurs en post-formation pour les revendre à prix d’or quelques années après. Mais avec quelles conséquences ? Le club favorise des joueurs moyens sur lesquels il espère faire un bénéfice, mais il bloque certains de ses jeunes. Le message est très mauvais et pourrait à terme se retourner contre le club, si le centre de formation n’a plus de passerelle avec la première équipe.

Ensuite, et toujours dans cette absence de dynamique continue, l’école lyonnaise propose un jeu collectif de possession, avec un jeu rapide au sol, pratiqué par des joueurs techniques et, surtout, footballistiquement intelligents. Le QI foot moyen des jeunes lyonnais est supérieur à la moyenne, pourquoi le nier ? Cette philosophie se retrouve dans toutes les catégories d’âge au centre de formation… mais s’arrête aux portes de l’équipe première. A l’instar de l’Ajax Amsterdam, l’OL a tout à gagner en inscrivant l’animation de sa première équipe dans la continuité de la philosophie de jeu pratiquée au sein du centre de formation. Cela signifie que le passage du centre à l’équipe première est facilité et certainement qu’un plus grand nombre de joueurs pourraient alors effectuer ce saut. De cette manière, le club renforcerait son identité, son image de club formateur en « sortant » davantage de joueurs professionnels, et ses finances, avec de potentielles fortes plus-values en cas de revente de joueurs formés au club. Sans compter que cela éviterait de dépenser en transfert pour des joueurs moyens.

Les transferts, justement, seraient bien plus ciblés : les recrues doivent alors non seulement apporter une réelle plus-value à l’équipe (talent, expérience…), mais elles doivent également s’inscrire dans la philosophie du club et… ne pas freiner le développement des meilleurs éléments de l’Académie. S’il y a un buteur à très fort potentiel en U17, il faut lui faire de la place et commencer son intégration. Il est inconcevable de bloquer le développement des meilleurs jeunes du centre de formation pour que l’OL puisse continuer à attirer les meilleurs potentiels régionaux et nationaux. En définitive, le recrutement doit suivre un crédo simple : “Acheter peu, mais acheter utile”.

Mais reprenons le cours du temps. A l’automne 2019, l’OL licencie Sylvinho et gâche l’occasion de se remettre droit : l'engagement de Rudi Garcia est une immense erreur de casting et cela se confirme tant à la lecture froide des résultats que sur le terrain, une bouillie collective, tactique, où les choix du coach apparaissent très discutables.

Rudi Garcia fait partie de ces entraîneurs qui vivent sur leur acquis, de ces entraîneurs qui ont eu du succès et qui ne se sont jamais remis en question. Sa carrière va decrescendo depuis 2015 car le foot évolue et pas lui. Le jeu qui faisait briller ses équipes ne fonctionne plus. Son passage à l’OM aurait déjà dû mettre la puce à l’oreille de Jean-Michel Aulas. Ce dernier, si magistral dans le développement de l’OL, peine lui aussi à voir le jeu changer et la nécessité d’avoir un staff de haut niveau. L’arrivée de Juninho est une aubaine pour l’OL. Mais tant que le Brésilien n’aura pas les coudées franches et tant que certains médiocres s’accrocheront au club, cela ne fonctionnera pas. La révolution sportive de l’OL s’effectuera avec l’arrivée d’un entraîneur et de son staff qui sera en parfaite symbiose avec Juni et qui incarnera la philosophie de jeu développée par le club, l’ADN lyonnais.

En 2020 et 2021, l’OL n’a rien gagné, une nouvelle fois, et ne sera pas en Champions League l’an prochain. La direction sportive est défaillante du fait de l’omnipotence de Jean-Michel Aulas dans ce domaine. Rudi Garcia est pour sa pomme. Aujourd’hui, l'entraîneur qui va signer doit relancer le club puis le faire franchir un ou plusieurs paliers. Le chantier est immense. Si cet entraîneur marche avec Juni, tout est possible pour l’OL, même avec peu de moyens financiers. Ce n’est pas une perle rare, il n’est pas forcément hors de prix, il n’est pas forcément mondialement connu, il n’est pas forcément francophone. Mais il sait faire jouer ses équipes en avançant dans une souplesse collective qui contribue au développement individuel de ses joueurs. Il est tactiquement pointu et aussi exigeant sur l’investissement des joueurs que l’est Juni.

En attendant que cet entraîneur évalue les forces à sa disposition, y compris les forces potentielles de l'Académie, cible les besoins de l’équipe et dégraisse du contingent les joueurs qui ne correspondent pas à sa philosophie ni à l’Olympique Lyonnais, je me suis attelé à cet état des lieux, ligne par ligne.

Gardiens Lopes était l’une valeur sûre de l’équipe et du championnat. Son niveau depuis deux saisons laisse néanmoins à désirer. Non seulement il ne progresse plus, mais il n’est plus en mesure d’élever son niveau lors des rencontres importantes. Son second, Pollersbeck, est un gardien d’un niveau honnête, mais pas un concurrent pour Lopes. Il y a un réel questionnement à avoir sur l’international portugais, dont le jeu au pied pourrait être problématique avec un entraîneur qui souhaiterait le faire participer au jeu. Il doit vite retrouver son niveau de la saison 2017-2018.

Départ été 2021 : aucun sauf offre exceptionnelle (minimum 20M€) pour Lopes Effectif 2021-2022 : Lopes, Pollersbeck

Défenseurs centraux Denayer fait une bonne saison et il est un élément important de l’équipe dont il est régulièrement le capitaine. A un degré moindre, Marcelo a retrouvé un niveau honorable après une saison 2019-2020 compliquée. Néanmoins, il ne pourra pas jouer 45 matchs la saison prochaine. L’intégration de Diomandé est à ce titre intéressante et cela se poursuivra à coup sûr l’an prochain où son temps de jeu devrait augmenter. Toujours sous contrat et en prêt, Andersen sera vendu à bon prix, car il dispose d’une bonne réputation en Angleterre après sa très bonne saison à Fulham. Benlamri va également quitter le club, libre.

Avec Denayer, Marcelo et Diomandé, l’OL a d’ores et déjà recruté Damien Da Silva (Rennes), dont l’arrivée va apporter un vraie concurrence au poste de défenseur central. 

Départ été 2021 : Andersen (20M€), Benlamri (libre) Effectif 2021-2022 : D. Da Silva, Denayer, Diomandé, Marcelo

Défenseurs latéraux La grande déception saison après saison. Aucun joueur ne s’est montré à la hauteur. Malgré les changements fréquents, les prestations furent au mieux moyennes, au pire catastrophiques. A gauche, le pari Cornet est un fiasco total et les prestations de De Sciglio ne sont pas du tout au niveau attendu. Après Koné et Marçal, la médiocrité continue. Seul Bard est satisfaisant, avec les défauts de sa jeunesse, mais Garcia lui a très peu fait confiance cette année. A droite, Dubois a été moyen faible, comme il l’est depuis son arrivée à l’OL. Pour un bon match, il y en a trois mauvais et six très moyens. Insuffisant. Je ne le crois définitivement pas capable d’élever son niveau de jeu. Le voir en équipe de France est incroyable. Derrière lui, De Sciglio, pas meilleur à droite qu’à gauche. En prêt, Koné revient cet été mais il ne faudra certainement rien en espérer. Jeune joueur du club, Gusto pourrait être plus fréquemment intégré (DD).

Départ été 2021 : De Sciglio (retour de prêt), Koné (1M€) Effectif 2021-2022 : Bard, Dubois et une recrue qui peut jouer sur les deux côtés

Milieux de terrain Par rapport aux 3 ou 4 dernières saisons, l’OL a retrouvé cette année un milieu de terrain qui impose son jeu aux équipes adverses et qui domine son sujet, notamment grâce à l’arrivée de Paquetá, certainement l’un des meilleurs milieux de la saison en Ligue 1, et de l’explosion de Caqueret, que Garcia a été contraint de titulariser non sans mal. Les performances de ces deux jours ont compensé les saisons difficiles d’Aouar et Guimaraes, victimes de problèmes physiques. Thiago Mendes a également retrouvé un peu de jeu, après une première saison cataclysmique. 

Dans ce secteur de jeu, les places sont chères et le resteront même en cas de départ d’Aouar. La saison compliquée du stratège lyonnais pourrait être sauvée par un Euro espoirs de qualité. Sa dernière performance en championnat face à Nice laisse à penser qu’il remonte la pente en cette fin de saison. Thiago Mendes aurait aussi des envies de départ, mais l’OL voudra en tirer quelque chose.

De retour de prêts, Jean Lucas, Cheikh Diop, Camilo et Reine-Adélaïde (dans quel état ?) reviennent cet été. Nul doute que le milieu de terrain sera dégraissé lorsque le nouvel entraîneur aura pris ses fonctions. Ainsi, il est difficile de dire aujourd’hui quel sera le contingent de l’OL la saison prochaine dans ce secteur de jeu. 

Départ été 2021 : Aouar (35M€), Camilo (1M€), Cheikh Diop (2M€), Thiago Mendes (15M€) Effectif 2021-2022 : Caqueret, F. Da Silva, Guimaraes, Jean Lucas, Paquetá, Reine-Adelaïde

Attaquants Memphis a rempli son rôle de leader offensif et s’est montré décisif en de très nombreuses reprises. S’il est clair qu’on ne remplace pas ce type de joueur, son départ peut responsabiliser d’autres éléments et surtout, cela va permettre de créer une animation offensive dont l’OL a bien besoin. 

La pépite Cherki a pu montrer un peu plus de son immense talent cette saison, même si Garcia a peiné à modifier son équipe gagnante jusqu’à la faire exploser physiquement au printemps. Le nouvel entraîneur devra savoir faire progresser Cherki et le positionner pour en tirer le meilleur. 

Pour le reste, l’OL compte dans son effectif plusieurs attaquants d’axe. Toko-Ekambi, régulièrement titulaire dans un couloir, a montré beaucoup de déchets dans le geste décisif et ses prestations ont été globalement moyennes. Un peu le nouveau Traoré. Kadewere a également beaucoup joué, brillé face aux Verts, mais il subsiste un doute sur son niveau réel. Car, comme de nombreux attaquants recrutés par l’OL, il ne joue pas à son poste de prédilection. Le meilleur exemple de cette politique reste encore et toujours Cornet que nous aurons bientôt vu partout, sauf avant-centre. Mauvais dans le couloir, catastrophique en latéral, je reste malgré tout persuadé qu’il est un excellent avant-centre, habile devant le but. S’il venait à partir, je ne serais pas surpris qu’il marque 20 buts en Allemagne par exemple. Reste Slimani, arrivé cet hiver, dont les bouts de matchs offrent guère de moyens de l’évaluer. Cependant, avec une vraie préparation, cela pourrait être un joueur intéressant. 

Champion d’Espagne avec l’Atletico Madrid, Dembélé revient de prêt. S’il a la confiance de l'entraîneur et qu’un jeu collectif de qualité se met en place, je pense que nous pourrions retrouver le buteur d’exception qui avait débuté la saison 2019-2020 sur les chapeaux de roue. 

Départ été 2021 : Cornet (10M€), Pintor (2M€) Effectif 2021-2022 : Cherki, Dembélé, Kadewere,Toko-Ekambi, Slimani, une recrue à l’aile gauche


Ce sont des évaluations effectuées en fonction de la saison écoulées, voir des précédentes, avec Rudi Garcia aux manettes de l’équipe. Un nouvel entraîneur signifie une nouvelle dynamique et, je l’espère cette fois, de vrais précepts tactiques.

En définitive, quelque soit l’effectif, j’attends de mon club qu’il impose sa façon de jouer, qu’il s’adapte sans se renier, qu’il sache faire le jeu, proposer du mouvement, des combinaisons travaillées. Tout ce que je “souffre d’attendre” depuis plusieurs années. Il est temps que l’OL retrouve son identité de jeu. C’est par là qu’il retrouvera son rang et son standing.

Il est grand temps que nous revoyons du football à Lyon.

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