mercredi 15 août 2012

"Opale" de Stéphane Lefebvre


J'avoue tout de suite : j'ai adoré. Deux fois même, à 2 ans d'intervalle. Ce premier (et unique) roman de Stéphane Lefebvre est un pur moment de bonheur.

L'intrigue se déroule à Boulogne-sur-Mer et ses alentours (la Côte d'Opale), car oui, il s'agit d'un polar. Le suicide d'un laborantin sous l'objectif de Robin Mésange (journaliste à L'Eclair boulonnais, hebdo local) puis celui d'un professeur du même lycée poussent le journaliste à enquêter, parallèlement à la police. Perspicace et opiniâtre, ses découvertes vont le mener au coeur d'une affaire sordide.

On s'identifie tout d'abord très facilement à ce narrateur, Robin, si proche, humain et naturel. Ensuite, on est immédiatement plongé dans l'intrigue puisque le premier suicidé chute après moins de dix pages. Celle-ci est bien rythmée, regorgeant de fausses pistes et de rebondissements. Mais surtout, il y a cet humour omniprésent, à commencer par les multiples références 80's hilarantes et toujours bien placées, mais également par les pensées furtives du narrateur, en italique dans le texte, procédé qui est certainement la source de cette proximité avec Robin. Son plan drague et les "films" qu'il se fait sont également source de rires (notamment sous la douche, §20).

De même, les personnages secondaires ne sont pas de simples faire-valoir. Au travers du point de vue de Robin, ils deviennent nos intimes. Comme lui, on les aime ou on aime les détester (tel le prof de philo qu'il nomme toujours par le nom d'un philosophe différent). Jib, le rédacteur en chef, est certainement le personnage le plus intéressant dans sa relation avec Robin, empreinte de complicité et de respect. Même des personnages que le narrateur ne fait que croiser, Stéphane Lefebvre parvient systématiquement à en tirer une description qui fait mouche. Tous ces points positifs balaient d'un revers de main les petits travers du roman.

Le talent de Stéphane Lefebvre tient également dans ce sublime dernier chapitre d'une très grande finesse, à la fois drôle et touchant, et miroir des toutes premières pages du roman. Le héros redevient lui même, sensible, meurtri. Magnifique.

A lire de toute urgence !