jeudi 8 décembre 2011

"Fatherland" de Robert Harris

J'aime l'histoire contemporaine, j'aime les romans policiers. Avec "Fatherland", j'ai été servi. Et j'ai même appris un mot, uchronie, qui se dit d'un roman qui modifie un évènement historique et ses conséquences. En l'occurrence, dans "Fatherland", l'Allemagne nazi a gagné la Deuxième Guerre mondiale et règne sans partage sur une Europe soumise.

En 1963, les Etats-Unis et l'Allemagne réchauffent leurs relations diplomatiques et Kennedy (Joseph, père de John) doit se rendre en visite officielle à Berlin. L’Allemagne piétine sur son front est, victime du terrorisme de partisans russes financés et armés par... les Etats-Unis. Parallèlement, un inspecteur de la police criminelle, Xavier March, tente d'enquêter sur le meurtre d'un ancien haut dignitaire nazi. Mais la Gestapo lui met des bâtons dans les roues et fait son maximum pour saboter l'enquête. Opiniâtre, March se lance à corps perdu dans la recherche de preuves aidé par une journaliste américaine.

Robert Harris nous entraîne dans le quotidien de la vie berlinoise après 30 années de nazisme, mélange de suspicion et de terreur, l'omniprésence d'Hitler, la propagande et ses mensonges, et la lassitude qui gagne certains, dont Xavier March, qui se sent de plus en plus mal dans son costume SS noir. Plusieurs personnages importants du roman sont des personnages réelles auxquels Harris a modifié voir "prolongé" la vie après 1942. Le romancier s'appuie également sur plusieurs documents, memorandums et faits historiques authentiques (Conférence de Wannsee notamment) et cela rend l'intrigue plus intense encore.

J'ai été vraiment séduit par ce roman qui peint un Berlin réaliste, effrayant et monumental imaginé par Albert Speer, l'architecte du régime nazi. C'est l'une des forces de ce roman où la ville apparait comme un personnage à part entière. L'intrigue politique est bien ficelée entre intimidation, violence et trahison. March est un personnage humain dont le mal-être social devient dangereux sous le nazisme. Je ne peux donc que recommander la lecture de cet excellent roman.

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