mercredi 31 juillet 2013

"Dans le Jardin de la Bête" d'Erik Larson

Je suis parti en vacances et je n'ai pas lu. Y a des siècles que ça ne m'était pas arrivé. Me suis rattrapé en rentrant avec "Dans le Jardin de la Bête" d'Erik Larson. En achetant ce livre, je pensais qu'il s'agissait d'un roman basé sur un fait réel. Ce n'en est pas un. Sur la base de divers documents, Erik Larson retrace la première année de service de l'ambassadeur américain William E. Dodd en Allemagne. Le récit se concentre essentiellement sur l'ambassadeur Dodd et sur sa fille, Martha, une mondaine qui multiplie les relations sentimentales.

Dodd et sa famille arrivent à Berlin en 1933, quelques semaines après l'accession d'Hitler à la tête du gouvernement allemand. Sa nomination controversée au sein même du département d'Etat auquel il est rattaché le met immédiatement en porte à faux vis-à-vis de sa hiérarchie. Ses méthodes non-conventionnelles, ses plaintes fréquentes sur les dépenses de l'ambassade en temps de crise, achèvent de le discréditer aux yeux de ses supérieurs. Néanmoins, il garde la confiance du Président Roosevelt et de quelques cadres du département des Affaires Etrangères.

Pensant décrocher un poste "tranquille" pour pouvoir finir d'écrire un livre qui lui tient à cœur, Dodd se retrouve au cœur d'une Allemagne qui plonge petit à petit dans les abîmes du nazisme. Il va lentement prendre conscience que l'apparence de calme et de paix qui règne dans les rues berlinoises n'est qu'un leurre qui cache une réalité terrifiante qu'il refuse de croire dans les premiers mois de son service, malgré les mises en garde explicites du consul Messersmith.

Martha Dodd se montre immédiatement conquise par le nazisme, par l'enthousiasme et l'exaltation qu'il génère au sein de la population berlinoise. De sorties en réceptions, elle fréquente de nombreuses personnalités en vue à Berlin, flirtant avec des hommes tels que Rudolf Diels (chef de la police berlinoise) ou Armand Bérard (attaché à l'ambassade française), fréquentations posent parfois problème. Le jugement de Martha sur le nazisme change avec la relation qu'elle entretient avec Boris Winogradov (membre du NKVD russe). Pour elle comme pour son père, la Nuit des Longs Couteaux agira comme un électrochoc, le régime nazi montrant alors son vrai visage.

Passionné par cette période de l'histoire, j'ai été conquis par ce livre captivant, particulièrement bien référencé et très agréable à lire puisqu'il est écrit comme un roman. Il met en lumière l'incroyable aveuglement du monde par rapport aux exactions commises par les nazis. Malgré les témoignages, personne ne croit un gouvernement d'un pays civilisé capable de persécuter et torturer ainsi sa population. La population américaine touchée par la crise de 1929 refuse toute immigration et le gouvernement est surtout intéressé à se faire rembourser la dette contractée par l'Etat allemand.

Ce livre évoque un pan méconnu de l'entre-deux guerres et je conseille sa lecture à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de notre siècle.

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